Le Rubriche di PiacenzaSera - Inter Cultura

Enrico Mattei, l’enigmatica scomparsa di un amico del Marocco

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La rubrica Intercultura inizia una collaborazione con Moulim El Aroussi, storico marocchino, redattore della rivista Zemane sulla storia del Marocco. L’articolo che pubblichiamo riguarda Enrico Mattei, italiano, noto presidente dell’ENI, ed i suoi rapporti con il Marocco per le politiche energetiche. L’articolo – dal titolo “Mattei, l’enigmatica scomparsa di un amico del Marocco” – mette in evidenza la collaborazione che esisteva già tra i due Paesi. Un pezzo di storia che sviluppa un importante momento interculturale, scritto in francese, con l’intento di superare gradualmente anche le barriere linguistiche.

Enrico Mattei est le fondateur du mastodonte ENI, la société qui a créé la SAMIR à Mohammedia. On le qualifiait du grand ami du Maroc. Le 27 Octobre 1962, son avion personnel s’est écrasée près de l’aéroport de Bascape, près de Pavie en Lombardie. Selon certains témoins, le principal était l’agriculteur Mario Ronchi (qui a ensuite rétracté́ son témoignage), l’avion aurait explosé́ en vol. Plusieurs événements ultérieurs iront dans le sens de la confirmation d’un attentat. Mais si aujourd’hui la thèse d’un accident, provoqué ou un crime commis, est confirmée, l’on se demande toujours qui aurait été derrière ce crime, qui l’aurait accompli ou commandité ? On le saura peut-être à travers son parcours et surtout sa relation avec le Maroc. Sa mort tragique, ne relève aucunement d’un fait divers et les mystères qui l’enveloppent semblent curieusement se croiser avec ceux qui couvrent encore une partie importante de notre histoire contemporaine; celle du gouvernement de Abdellah Ibrahim ou celle du problème de l’intégrité territoriale du Maroc, et notamment et d’une manière plus large, le Sahara.

Qui est Enrico Mattei?
Enrico Mattei est né en 1906 dans un petit village des Marches, une région d’Italie centrale. Il a obtenu un diplôme en sciences économiques et commerciales à l’Université de Bologne. Il est d’une famille très modeste mais ceci ne l’a pas empêché, dès son jeune âge, de se lancer dans des actions entrepreneuriales de grande envergure. En 1930 il est à la tête d’une société́ filiale de la célèbre firme allemande Lowenthal qui produisait des machines spécialisées dans le secteur de la tannerie. A l’âge de 26 ans, en 1932, le jeune Mattei décide de rompre avec cette entreprise allemande car il ne veut dépendre de personne et souhaite au contraire s’engager de manière autonome sur le marché́ de la tannerie qu’il juge porteur en Italie. Cette décision allait s’avérer fructueuse surtout après la montée de Hitler au pouvoir en Allemagne. Comme la politique économique d’Hitler se basait sur l’autarcie, par conséquent les firmes allemandes à l’étranger ont été rappelées. Mattei profite de l’occasion et s’empare du marché italien en exclusivité. Mais il ne s’arrêtera pas là. Il allait profiter de l’expansion des marchés des graisses et des huiles surtout pendant le repli autarcique de l’Italie dès les débuts des années trente.

Mattei et l’industrie énergétique
Mais la. Guerre il a brillé pour son rôle de président de l’AGIP (Azienda Generale Italiana Petroli), une société pétrolière italienne, et pour sa contribution à la création de l’ENI (Ente Nazionale Idrocarburi), la compagnie pétrolière nationale de l’Italie. Il l’a vite transformée en une compagnie pétrolière prospère et innovante. En 1953, Mattei est nommé président de l’ENI. Sous sa direction, l’ENI a joué un rôle crucial dans le développement de l’industrie pétrolière italienne et a contribué à l’indépendance énergétique du pays. Il a contribué par cette action à industrialiser l’Italie et à la transformer d’une société agraire en une société industrielle. Enrico Mattei était également actif sur le plan politique. Il était proche du parti démocrate-chrétien italien mais il a également entretenu des relations avec des partis de gauche. Son style de gestion audacieux et ses idées progressistes ont fait de lui une figure importante de la scène politique et économique de l’Italie.

Mattei et le Maroc
Son nom apparait dans une phrase sous la plume de Abdellah Laroui dans son livre témoignage Le Maroc et Hassan II, un témoignage, publié en 2005. L’historien parle de Florence, octobre 1958. Il évoque Mehdi Ben Barka, Allal al-Fassi et il parle du Prince héritier Moulay Al Hassan, mais ne révèle que peu de choses sur cette rencontre. Il s’agissait d’un colloque sur la réflexion commune sur les meilleurs moyens de renforcer la coopération entre les peuples méditerranéens. Laroui n’y était pas invité il voyageait en compagnie de Mehdi Ben Barka. C’est en parlant de l’importance de ce dernier que le nom de Mattei apparait. ‘’Il (Ben Barka) était traité, non pas comme un homme politique influent ou un théoricien du nationalisme populiste, mais bien comme un dirigeant à la veille de prendre les rênes de l’exécutif dans son pays. J’ai entendu le président Tito l’entretenir longuement, non des particularités de son régime ou de ses démêlées avec Staline, mais des prouesses du génie civil yougoslave qui venait de mener à bien la construction du port de Lattaquié en Syrie, exactement comme devait le supplier plus Mattei, quelques jours plus tard, d’intervenir auprès de son collègue du parti, A.Bouabid, ministre des Finances du cabinet Balafrej, en vue de hâter la conclusion de l’accord avec AGIP…’’. Il est clair que ce qui retenait l’attention de l’historien était les discussions sur les théories de la coopération et autres discours. Mattei qui était derrière ces rencontres et qu’il téléguidait à travers son ami le maire de Florence, le chrétien démocrate Giorgio La Pira, avait déjà signé l’accord avec A.Bouabid en août, soit deux mois avant la rencontre de Florence.

L’accord tempête
‘’La conclusion de l’entente suscite de vives inquiétudes en France, Entre la fin de 1957 et le début de 1958, face aux revendications territoriales marocaines…’’, précise Bruna Bagnato, dans son savant livre, Petrolio e Politica, Mattei in Marocco, Florence 2004). En fait la région où devait opérer l’ENI des recherches pétrolières n’était autre que celle de Tarfaya. Or l’on sait quelles ont été les visées françaises, et quels étaient les positions clairement avouées quant à un éventuel corridor entre le Sahara occidental et le Maroc septentrional: (Le Français cet éternel nazaréen, Zamane n°143 septembre 2022).

Un choix complexe
Mais qu’est-ce qu’il avait de si particulier afin qu’il intéresse les marocains au détriment des firmes de l’ancien pays colonisateur ? En fait, si la doctrine Mattei enchantait les Marocains elle ne pouvait qu’inquiéter non seulement les Français mais toutes les multinationales opérant dans le domaine de l’énergie et en premier lieu les célèbres Sept Sœurs. En fait voici la proposition que faisait l’Italien aux pays intéressés: ‘’Le pays producteur n’était plus seulement un rentier de ses richesses dont il percevait les royalties sans être le moins du monde impliqué dans la mise en valeur du pétrole ; il devenait avec Enrico Mattei un acteur industriel associé à la mise en valeur des hydrocarbures extraits de son sol. Mattei permettait aux pays producteurs de devenir eux-mêmes des industriels capables de commencer à «remonter la filière» de cette richesse essentielle au cœur de l’essor sans précèdent des pays occidentaux. Mattei semblait donc s’attaquer aux racines économiques du néocolonialisme, ce qui lui valut d’établir des relations de confiance avec les dirigeants arabes mais aussi avec ceux de tous les mouvements de décolonisation’’ ( P.Lafond, Le tiers-mondisme italien de Mattei, 2010). C’est ce qui ressortait en fait des accords avec le gouvernement Abdellah Ibrahim. Toutes les réalisations du BEPI (Le Bureau d’Études et de Participation Industrielles) dirigé par Mohamed Lahbabi, allaient dans le même sens. Installations industrielles, formation des cadres et préparation du pays à s’émanciper de la domination impérialiste. Ceci n’était pas du tout du goût de la France, ancien pays Protecteur. La philosophie de la France tranchait avec ce genre de position. A l’indépendance du Maroc, De Gaulle nommait Alexandre Prodi en tant qu’ambassadeur extraordinaire de France, envoyé spécial de la République au Maroc, à son retour, le Président le reçoit et lui parle ainsi: “Les pays arabes, et le Maroc parmi eux, ne peuvent être indépendants dans le monde actuel. Ils sont incapables de s’organiser, d’avoir un budget. Ils dépendront toujours fatalement de l’appui d’un autre État. Si ce n’est pas la France, s’en sera un autre”.

Réaction de la France
Devant le cumul des succès des nationalistes de gauche au pouvoir au Maroc, et voyant le pays leur échapper, la machine française s’est mise en marche. Il fallait d’abord user de moyens et de ruses diplomatiques. Les diplomates français aussi bien à Rabat (Prodi) qu’à Rome (Gaston Palewski), multiplièrent les déclarations bien rédigées afin qu’elles soient ouvertes à toutes les interprétations possibles. D’une part, le gouvernement de Paris, avait proposé aux Marocains un accord bilatéral de recherche de ressources énergétiques de l’autre côté il engageait des pourparlers avec ENI en vue de l’exploitation commune des ressources du Sahara. Mais
“…même cette hypothèse ne s’était pas développée au-delà du stade embryonnaire face au désintérêt de Mattei” (G. Bruna Bagnato).

Un flou stratégique
La proposition la plus claire était celle que formuait Prodi en mai 1959: “Au temps du Ministère Gaillard j’avais transmis officiellement au Gouvernement marocain la proposition suivante: la France et le Maroc mettraient en commun la recherche pétrolière sur un périmètre à déterminer comprenant, pour le principe, certains territoires au nord du Draa, mais s’étendant en réalité surtout au sud du Draa: les deux pays partageraient par moitié les redevances payées en cas de découverte de pétrole par les compagnies concessionnaires. Bien entendu, les redevances s’entendraient brutes, dépenses payées et après amortissements. Le Gouvernement marocain n’a pas donné suite à cette proposition; il a au contraire relancé ses revendications politiques concernant ces mêmes territoires”. Non seulement cette proposition tranchait avec celle que Mattei soumettait à tous ses partenaires mais elle comporte des pièges de formulations quant à l’intégrité territoriale du Maroc. Ces phrases soigneusement alignées et qui parlent du Nord, et du Sud sans spécifications, semaient le doute dans l’esprit des dirigeants marocains. Le Sahara était encore occupé, les frontières entre l’Algérie et le Maroc non encore tracées, la question mauritanienne aller vers une issue non encore trouvée; de quelles régions parlait le texte français? C’est dans cet espace de discorde que Mattei avait choisi d’installer ses machines.

Instinct dominateur français
‘il cherchait à s’implanter dans une zone tout à fait particulière. Il s’agit de la zone saharienne de l’ancien Maroc espagnol rattaché au royaume en 1958 dans des conditions assez particulières, deux ans après l’indépendance acquise en 1956. En 1957 les Marocains et des Sahraouis, ont attaqué́ le Rio de Oro. À cette date il n’y a pas d’opposition radicale entre le royaume et le peuple sahraoui qui pouvait même trouver une oreille attentive auprès de Mohammed V. En attendant cette incursion a entrainé́ une riposte militaire conjointe de troupes françaises et espagnoles” (P.Lafond). La riposte militaire en question est l’opération Écouvillon, menée du 10 au 24 février 1958, contre l’armée de libération marocaine. Par cette opération l’Espagne a pu maintenir sa domination sur le Sahara, la France stopper l’ouverture d’un front qui pouvait venir en aide au FLN, mais surtout arrêter les aspirations du jeune gouvernement marocain à l’émancipation du néo colonialisme.

Conséquences de l’intervention
Mattei voulait un champs de recherche pétrolière qui se situait dans la région de Tarfaya qui allait permettre, selon lui, aux marocains de se développer dans l’indépendance, mais le projet a été réduit à un simple transfert de la technologie. Le projet de recherche allait devoir attendre septembre 2023 pour qu’il soit attribué par les autorités marocaines à la même ENI de Mattei. Le gouvernement de Abdellah Ibrahim, porteur de ce projet d’envergure a été, comme on le sait, remercié, sans raison selon Bouabid. Qui a œuvré pour stopper ce processus? Les multinationales derrière qui se profilait l’ombre des Kennedy? La France, que les actions ambitieuses de Mattei ami des soviétiques, de Nasser, de Tito et des nationalistes marocains notamment Bouabid et Ben Barka, dérangeaient énormément surtout que l’Italien finançait, selon certains sources le FLN? Il est difficile aujourd’hui de voir clair dans l’affaire à cause de l’énorme littérature journalistique accumulée autour de la question. La mafia, la CIA, ou encore les service secrets français. On cite La lettre de condamnation à mort envoyée à Mattei par l’OAS en juillet 1961, mais on cite aussi l’ancien agent des services secrets français Thyraud De Vosjoli qui a publié́ un mémoire en en 1971, dans lequel il affirmait que le sabotage de l’avion de Mattei pourrait avoir été l’œuvre d’un agent des services secrets français, un corse appelé́ Laurent.

 

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